Potager, quelle histoire !
Le mot "potager" est ancien. En 1350, on trouve le mot "potagier" qui désigne le cuisinier qui prépare les potages. Potage dérive lui même du latin "potus" qui signifie breuvage. Par métonymie, le potager est l'endroit où l'on cultive les légumes les légumes qui iront au "pot" pour faire des potages ou des potées (potager signifiait également "le fourneau où l'on prépare les potages").
Le potager se définit par sa clôture. L'homme a d'abord vécu de cueillette, puis a sélectionné certaines « mauvaises herbes » pour en favoriser le développement dans un enclos protégé, qui est devenu peu à peu le potager. Quelle soit un mur, une palissade ou une haie (comme pour notre jardin), elle protège des intrusions et marque une frontière entre le "sauvage" et le "cultivé". Frontière qui n'est pas étanche. Selon les époques, des plantes sauvages y entrent, cultivées pour l'alimentation ou pour un usage médical, et des plantes cultivées en sortent (l'arroche, la pimprenelle ou la livèche, etc.), certaines pour y revenir quelques siècles plus tard.
Le potager est un espace artificiel. Engrais, eau, travail de la terre, plantation, mixité et proximité des espèces végétales, il n'a plus grand chose à voir avec la nature sauvage. Dépassant son étymologie, il s'est enrichi d'herbes aromatiques et médicinales, arbustes à fruits, arbres fruitiers et fleurs.
Le potager, à toute époque, est un lieu de modernité où l’on pratique l’art de forcer la nature. Le ménagier de Paris, traité de la fin du XIVème siècle évoque la façon d’obtenir des fèves le plus tôt possible dans l’année. Pratiquer l’horticulture, c’est donc domestiquer la nature. Le bon jardinier montre donc sa compétence technique
Mais le potager est aussi politique. Il révèle les frontières sociales, à chaque classe son jardin ! Le jardin paysan, ouvrier, aristocratique, bourgeois, de curé, d'instituteur n'ont pas la même fonction, il ne s'y cultive pas les mêmes plantes. Il rend visible les enjeux de survie et enjeux de pouvoir, et l'évolution de la société.
Voila qui me donne envie d'écrire un billet sur le potager moderne du XXIéme siècle .... mais pas tout de suite, plus tard, dès que j'ai le temps !